“On verra demain” un projet réflexif, à la fois brut et apaisé, où le silence pèse autant que les mots

FRESH – On verra demain

Avec On verra demain, Fresh semble avoir changé de posture. Loin de l’image du jeune prodige propulsé par la lumière soudaine, il choisit ici de ralentir le tempo. Le titre même du projet annonce la couleur, pas de précipitation, pas de certitude. L’artiste se met en mode pause, entre fatigue d’un monde qui va trop vite et volonté de préserver son souffle intérieur. C’est un projet réflexif, à la fois brut et apaisé, où la fête devient floue et le silence pèse autant que les mots. Musicalement, On verra demain privilégie une atmosphère nocturne et flottante. Peu de morceaux survitaminés, peu de beats tape-à-l’œil, ici, les sons sont lissés, posés, parfois même suspendus. Quelques nappes synthétiques rappellent le spleen de fin de soirée, quand les lumières clignotent encore mais que les visages sont fatigués.

Fresh s’autorise des choix minimalistes qui mettent en valeur la voix, plus grave, plus intime, presque chuchotée par moments. Les refrains s’effacent parfois au profit de moments parlés, presque murmurés, comme s’il écrivait à voix haute sans penser au public.

On verra demain n’est pas un projet qui cherche à séduire tout de suite. C’est un disque d’humeur, de semi-lucidité, fait pour ceux qui comprennent qu’il y a des jours où le mieux qu’on puisse faire… c’est rester là, respirer, et repousser les réponses à plus tard. Fresh signe ici son travail le plus sincère, presque cinématographique dans ses silences, et livre un projet qui se ressent plus qu’il ne s’écoute.