Accueil Musique Album BEKAR – Alba Avec son nouvel album intitulé “Alba”, Bekar ne cherche plus à prouver. Il cherche à exprimer. Et surtout, à exister autrement. Là où d’autres s’agitent dans le bruit et la vitesse, lui ralentit. Il observe. Il écrit. Il murmure ce que beaucoup hurlent sans l’avoir vécu. Ce qui frappe dans Alba, c’est la place accordée à l’espace, aux silences, à l’air entre les mots. Les morceaux ne saturent pas, ils respirent. Bekar y travaille la retenue, cette tension douce entre ce qui est dit et ce qui est ressenti. Il n’est pas là pour impressionner par la forme, il invite à ressentir le fond. Bekar ne livre pas une histoire linéaire. Il donne des fragments de soi, comme des pages arrachées à un carnet intime. Ce n’est pas l’histoire d’un “mec du Nord qui s’en sort”. C’est le récit de quelqu’un qui doute, avance, recule, puis recommence. Il évoque des émotions que tout le monde ressent mais que peu osent dire, la honte, le calme, le regret, l’émerveillement. Sur cet album, sa voix n’est plus seulement un outil, c’est un personnage à part entière. Elle change de texture selon le morceau, devient parfois tremblante, parfois lasse, souvent claire. On sent une volonté d’assumer sa fragilité, sans posture. Musicalement, il y a des choix simples mais puissants, des nappes douces, des textures chaudes, des basses discrètes mais pleines. On a l’impression que chaque instrument a été choisi non pas pour faire danser, mais pour panser. C’est un disque qui ne cherche pas à guérir l’auditeur par des solutions. Il l’accompagne juste. Il fait écho. Alba, ce n’est pas un album à consommer. C’est un lieu mental à visiter. Bekar n’y expose pas une image. Il y dépose une ambiance. On y entre comme on entre dans une pièce paisible, un matin froid où la lumière commence à percer sous la porte.