“SHABAN” : le rap comme prière et résistance

Kery James – SHABAN

Quand Kery James parle, le silence s’incline.
Avec “SHABAN”, le rappeur reprend la parole comme une arme, une bougie et un cri.
Pas de décor tapageur, pas de faux-semblants — juste la vérité, nue, filmée à hauteur d’homme, portée par la voix d’un poète en guerre contre l’oubli.

⚖️ Un morceau comme un verdict

SHABAN” n’est pas une chanson, c’est un témoignage mis en rime.
Kery invoque la mémoire de Shaban Al Dalu, victime d’un bombardement à Gaza, pour rappeler que derrière les chiffres et les discours, il y a des visages, des noms, des enfants. Chaque mot est pesé, chaque silence résonne. Il ne rappe pas pour choquer, mais pour réveiller. Le texte devient un miroir tendu à une société endormie, où la compassion se mesure au confort de ceux qui regardent.

🎥 Un clip sans fioritures, une image qui saigne

Visuellement, le clip respire la gravité :
une lumière froide, des plans fixes, des visages fermés, des ombres qui s’étirent sur des ruines.
Kery James apparaît seul, droit, ancré — figure prophétique, entre la douleur et la dignité.
Pas besoin de surenchère : le silence des décors suffit à dire le bruit du monde. La mise en scène joue sur la lenteur, le temps suspendu. On sent la poussière, la foi, la fatigue.
Chaque image devient un psaume visuel — une prière pour les absents.

🩸 Un acte, pas un single

SHABAN”, c’est le retour du Kery James que le rap respecte en silence :
celui qui ne cherche pas le buzz, mais la trace.
Celui qui parle quand les autres détournent le regard.
Et dans ce morceau, la foi n’est pas un refuge — c’est une arme douce, une résistance intérieure. Kery James transforme la colère en lumière.
Il fait du deuil une forme d’espérance.
Et rappelle que le rap, quand il se souvient d’où il vient, peut encore rendre la justice poétique.

SHABAN n’est pas un morceau politique.
C’est un poème de conscience. Un rappel que la parole peut être plus lourde qu’une bombe, et qu’au milieu du vacarme du monde, Kery James reste cette voix rare —
celle qui prie en rappant et rappe en priant.