Une collaboration explosive avec Martin Scorsese pour développer une série centrée sur l’univers des casinos de Las Vegas
Accueil Interviews I. Introduction — Mise en contexte Objectif : installer l’atmosphère du morceau, son essence poétique et introspective. Pour commencer, comment définirais-tu l’univers émotionnel dans lequel tu as composé FLY ? Dans un moment où j’ai “accepté” le deuil, donc dans un moment de mélancolie mais d’espoir aussi. Qu’est-ce qui t’a poussé à transformer une expérience de deuil en un morceau aussi aérien et métaphorique ? La personnalité de la personne perdue était très joyeuse, donc c’est comme si son soleil avait mis du chaud dans mes larmes et elles ont fait de la vapeur, c’est cette vapeur que j’ai attrapé pour en faire une chanson. II. Axe 1 : Le deuil, sans frontalité Objectif : explorer la manière subtile dont l’artiste traite la perte.3. Dans FLY, tu n’évoques jamais la perte de manière directe. Pourquoi avoir choisi l’angle de la suggestion plutôt que celui de la confession frontale ? Perdre un ami dans ces conditions, j’avais 23 ans, il a décidé de mettre fin à ses jours, c’est si brutal que la confession frontale ne me paraissait pas possible. Il fallait mettre de la poésie dans cette épreuve. 4. As-tu écrit ce morceau pour nommer une douleur… ou pour mieux l’apprivoiser ? Je pense un peu des deux. 5. Quelle place tient le silence dans ton processus de création, surtout quand le thème est aussi intime ? 10 ans… il m’a fallu pour l’écrire, je pense c’était le maxi silence sur le sujet avant même si dans certaines chansons j’en parle un peu dans “Comment” notamment. III. Axe 2 : Les images et la métaphore comme refuge Objectif : comprendre l’écriture poétique.6. Tes métaphores semblent presque flotter, comme suspendues. Comment trouves-tu cet équilibre entre vulnérabilité et pudeur ? Je crois que ça vient de ce que je suis en tant que personne du moins au moment où je l’ai écrit. Peut-être aussi de ce que j’ai vécu comme deuil : c’est une période où j’ai beaucoup fumé de weed (ne le faites pas) pour échapper à la réalité. Cet état provoque un sentiment de flotter et que rien ne nous touche. 7. Y a-t-il une image précise dans FLY qui résume pour toi tout ce que ce morceau veut dire ? “J’lève les yeux, j’te vois briller” ce moment après une soirée ou avant quand on lève les yeux vers les étoiles, j’ai l’impression qu’il est toujours la star qu’il était pour moi petite et ado. Et qu’il l’est encore. 8. Dirais-tu que la poésie t’a permis de dire ce que les mots bruts n’arrivaient pas à formuler ? Au moment où il est parti, je découvrais des poètes femmes (Anna De Nouailles), ça m’a aidé à commencer à écrire et trouver une porte de sortie. IV. Axe 3 : Entre cloud, mélancolie et élévation Objectif : entrer dans l’identité sonore du titre.9. Pourquoi avoir choisi une esthétique cloud/mélancolique pour évoquer la reconstruction ? Parce que je suis très mélancolique et que c’est dans mes failles que je trouve la lumière. Je sortais d’une grosse opération où je suis restée sans bouger dans le noir. Je pense que dans le noir on trouve aussi le fond qui permet de rebondir. Accepter ses failles ça permet aussi de se construire, je crois. La perfection n’existe pas et que c’est beau d’être imparfait. 10. Comment la prod influence-t-elle le voyage émotionnel de FLY — le fait de flotter, de monter, de redescendre ? Le deuil ça a été pour moi des hauts et des bas quasiment constants et des fois le besoin de juste se laisser tomber dans le vide comme Alice au pays des merveilles. 11. La musique t’a-t-elle servi comme un espace où tu peux respirer, à un moment où la vie te coupait l’air ? Oui ! Tellement, elle me sert encore, je pense que j’ai du mal à communiquer, verbaliser là où dans la musique je m’exprime plus facilement. J’écris aussi quand j’ai du mal à exister, ça m’a aidé à survivre. V. Axe 4 : La mémoire & les souvenirs Objectif : aborder la nostalgie et la rémanence.12. Tes mots donnent l’impression que les souvenirs sont à la fois une lumière et une douleur. Comment navigues-tu entre les deux ? Je ne vois pas le monde de manière binaire : le blanc / le noir, je pense plutôt que c’est des nuances de gris, alors je navigue dans des nuances de gris. Il y a toujours la présence du bonheur et du malheur, même quand il pleut, derrière les nuages le soleil brille, c’est juste qu’on ne le voit pas avec nos yeux, mais le ciel est toujours bleu. 13. Le morceau contient-il un souvenir précis que tu as voulu préserver, même de manière codée ? Oui il y a pleins de références à nos blagues ou de choses cachées que j’aurais aimé lui dire, mais ce qui est codé restera codé 😉 14. Si les souvenirs étaient une couleur, laquelle serait celle de FLY ? Bleu nuit VI. Axe 5 : La reconstruction, l’envol, la renaissance Objectif : l’évolution interne de l’artiste.15. FLY parle aussi de se relever, d’essayer de reprendre son envol. Quand as-tu senti que tu étais prête à écrire cette partie du processus ? J’ai écrit au moins douze chansons pour lui, les premières avaient un vibe reggae presque joyeuses, ensuite plutôt deep avec des sonorités comme les films de Miyazaki qui ont bercé mon enfance. Puis “FLY” est apparu, je crois qu’il y a eu vite une version mais ça a pris dix ans. 16. Qu’est-ce qui t’a permis de transformer la douleur en mouvement plutôt qu’en blocage ? La danse, c’était un danseur lui aussi et c’est de mettre mon corps en mouvement qui m’aide à remettre du mouvement dans ma tête et ma vie. Je crois qu’on sépare trop “le corps” et “l’esprit” dans la culture occidentale et c’est dommage, on se soigne moins bien les douleurs à la tête qu’au corps alors que je pense que nous ne faisons qu’un. Donc je danse, chez moi, dans la rue, je bouge, même marcher un peu c’est un nouveau départ. 17. Peut-on dire que FLY marque une étape dans ton identité artistique ? Sans doute car le refrain est plus chanté, qu’il annonce un nouvel EP et aussi un glissement vers un univers plus “nouvel pop”. VII. Axe 6 : L’intime, l’universel Objectif : lien entre expérience personnelle et résonance collective.18. Quand tu écris quelque chose d’aussi intime, penses-tu au public, ou l’écriture se fait d’abord pour toi ? J’essaye de parler de moi à travers des expériences qui peuvent être perçue en collectif, sinon mon art serait égocentré et je n’espère pas ! En tout cas, je fais attention à ce que d’autres personnes puissent raconter ou sentir leurs histoires à travers la mienne. Des fois, on vient me parler d’une chanson et je découvre une vision de mon propos qui n’était pas volontaire, c’est magique, la chanson ne m’appartient plus et elle parle aux cœurs des gens autrement. 19. Des auditeurs t’ont-ils confié que le morceau les avait aidés à traverser leur propre deuil ? Il est sorti trop récemment pour je pense, mais quelques personnes m’ont écrit avant pour d’autres morceaux et si ça aide je suis ravie. 20. Qu’aimerais-tu que FLY laisse derrière lui chez ceux qui l’écoutent ? Le sentiment de se sentir moins seul, car je trouve que c’est une épreuve qui isole beaucoup. VIII. Questions bonus Objectif : angles plus créatifs, symboliques ou inattendus.21. Si FLY était un paysage, quel serait-il ? Un lac paisible la nuit où se reflète une pleine lune. 22. Quelle phrase que tu n’as pas écrite aurait pu appartenir au morceau ? “Le rappel enfantin des choses anciennes, et puis, durant l’été qui s’accroche aux persiennes, dans la chambre, pendant les chauds après-midis, tout ce que tu disais et tout ce que j’ai dit…La poussière dorée au plafond voltigeait, je t’expliquais parfois cette peine que j’ai quand le jour est trop tendre ou bien la nuit trop belle.” Anna de Noailles extrait de L’adolescence 23. Quel est l’objet qui résume le mieux ce que tu ressentais pendant la création de FLY ? Le briquet, on l’entend au début du morceau je l’ai enregistré pour de vrai. C’est un peu une métaphore du deuil qui se vide un jour, heureusement 😉 24. S’il fallait imaginer FLY comme un court-métrage, quelle serait la scène d’ouverture ? Une porte fenêtre s’ouvre sur un balcon endormi par l’obscurité, des sirènes au loin appartiennent à une ville pressée. Une jeune femme apparaît, elle allume une cigarette. La lune nous laisse deviner un visage enfantin mais lasse, elle ouvre un cahier, souffle sa fumée et commence à écrire sur un cahier. 25. Quelle est la question qu’on ne te pose jamais sur ce morceau, mais que tu aimerais qu’on te pose ? Je ne sais pas, déjà merci pour ces questions si intéressantes qu’on ne se pose pas trop quand on écrit, mais ça fait du bien, même si je me sens timide à l’écrit ! 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