Pantonio – le street art comme mise en abysse

Sur les murs des rues surgissent des créatures marines enchanteresses, aux couleurs aquatiques et aux formes ondulant telles des vagues. Tout un bestiaire imaginé par le street artiste portugais Pantónio, et qui prend vie dans l’environnement urbain…

 Antonio Correira, alias Pantónio, est un artiste qui naît en 1975 sur l’île de Terceira, au Portugal. Le jeune homme fréquente les ateliers de peinture dès son plus jeune âge, et c’est tout naturellement qu’il se met à étudier l’art académique dans diverses écoles, des Arts et Métiers de Ceirvera à l’Institut Polytechnique de Tomar. Sa pratique de l’art est multiple : Pantónio s’essaye aussi bien à la sculpture qu’à la peinture, au dessin voire au modelage. Même si le jeune artiste crée également en atelier, ce sont finalement les rues de Lisbonne qui deviennent son support créatif de prédilection. Progressivement, Pantónio va faire vivre ses cryptides dans le monde entier…

En 1993, il est membre de la délégation d’artistes qui représentent le Portugal à l’occasion du cinquantième anniversaire de L’UNESCO, en Roumanie. Entre 2006 et 2008, Pantónio participe aux ateliers d’illustration de John Catarino en tant qu’illustrateur pour Richard House. Là-bas, il conçoit également des bandes-dessinées pour l’artiste Zepe et l’école des Beaux-Arts de Lisbonne. En 2011 et 2012, Pantónio participe à l’Urban Festival d’Art Walk & Talk des Açores en résidence artistique, afin d’exposer à la Galerie António Prates pour l’événement Au-delà des murs. C’est à ce moment-là que sa notoriété se fait à l’international. Le street artiste se produira à nouveau au Portugal et en Europe, mais également en Chine et en Tunisie, où il réalise une fresque pour la vaste série de peintures murales à Djerba, qui relie les œuvres de cent-cinquante artistes différents.

On reconnaît le travail de Pantónio par ses fresques animalières noueuses, à la fois organiques et aquatiques, qui sont réalisées au pinceau et au rouleau. Le graffeur fait clairement référence à la pratique de la pêche dans son œuvre ainsi qu’au fleuve Tage, tel un hommage à son pays natal et à ses coutumes ancestrales. Les créatures hybrides aux tons marins fusionnent tantôt avec le mouvement des vagues, tantôt sont prises au piège dans des cordages. Ce qui est le plus fascinant  à travers l’œuvre de Pantónio, c’est sa manière de faire vibrer ses œuvres, de les faire onduler au rythme de ces corps fluides qu’il dépeint de manière poétique. Ce fantastique ballet de couleurs et de mouvements accroche le regard des passants sur ce qui étaient autrefois de simples murs gris…

Dans le 13ème arrondissement, un immense immeuble près de la Porte de Choisy témoigne de l’ingéniosité de l’artiste avec cette gigantesque fresque de poissons pris dans un filet, réalisée au printemps 2014. Cette œuvre d’une soixantaine de mètres de haut et de quinze mètres de large représente la plus grande fresque murale jamais réalisée en Europe ! Située dans le quartier chinois, l’œuvre aux poissons fait écho au symbole que porte la communauté asiatique par rapport aux poissons : ils sont l’emblème de la fécondité, de la richesse et de la chance. C’est par ailleurs dans ce même quartier parisien que Pantónio va exposer son œuvre d’atelier, dans la fameuse Galerie Itinerrance. C’est cette même galerie qui est à l’origine du fameux projet Street Art 13, pour lequel l’artiste a réalisé sa fresque colossale…

Alice NICOLAS

La plus grande fresque d’Europe Street art est à Paris !