Il y a des titres qui intriguent dès qu’on les lit. « On s’en rappellera pas » fait partie de ceux-là
Avec « Big Mama » Guy2Bezbar confirme son goût pour une esthétique où l’intime et l’urbain se croisent
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Accueil Exclus News Disiz – On s’en rappellera pas : l’album de l’oubli qui marque la mémoire Il y a des titres qui intriguent dès qu’on les lit. On s’en rappellera pas fait partie de ceux-là. Disiz ne cherche plus à graver son nom en lettres capitales dans le marbre du rap français : il annonce d’emblée que ce projet sera éphémère. Et c’est peut-être ce paradoxe qui en fera un disque inoubliable. 🕰️ Le temps comme personnage principal L’oubli, chez Disiz, n’est pas une défaite. C’est une matière à travailler. Comme un peintre impressionniste qui laisse ses touches se dissoudre sur la toile, il choisit de composer un album qui célèbre ce qui disparaît : les amours qui s’évaporent, les colères qui s’essoufflent, les souvenirs qui se brouillent. En affirmant “On s’en rappellera pas”, Disiz semble dire : ce qui compte n’est pas la mémoire figée, mais l’intensité du moment vécu. Une constellation de genres Avec vingt morceaux et des featurings aussi contrastés que Kid Cudi, Théodora, Iliona ou Laurent Voulzy, l’album ressemble à une constellation sonore. Chaque invité est une étoile : Kid Cudi, miroir transatlantique de Disiz, apôtre du rap introspectif et mélodique. Laurent Voulzy, figure patrimoniale française, symbole d’une pop qui sait résister au temps. Théodora et Iliona, voix féminines qui apportent douceur et contrepoint. Plutôt qu’un simple tracklist, On s’en rappellera pas s’annonce comme une carte du ciel, où chaque morceau éclaire une facette différente de l’oubli et de la mémoire. Une écoute comme un rituel Le choix d’une avant-première immersive au Théâtre du Châtelet n’est pas anecdotique. Disiz veut que son album soit entendu comme une œuvre totale, presque théâtrale. Là où le streaming fragmente, il impose une expérience collective : un lieu prestigieux, une écoute en silence, des images peut-être, une scénographie. Comme si le rap retrouvait sa dimension rituelle, loin de l’algorithme. L’oubli comme liberté Et si l’oubli était une délivrance ? Le titre de l’album résonne comme une provocation : peut-être que vous ne retiendrez pas chaque morceau, peut-être que tout se dissipera… et alors ?Disiz semble vouloir réhabiliter la valeur du moment fragile, celui qui existe intensément puis s’éteint. Dans une époque obsédée par les classements et la postérité numérique, il choisit la voie de la fugacité assumée. Une trace paradoxale Au fond, On s’en rappellera pas est peut-être une ironie : en proclamant qu’on oubliera, Disiz grave justement son œuvre dans un registre particulier, celui des artistes qui osent défier la mémoire. C’est l’album d’un homme qui ne cherche plus à convaincre, mais à laisser vibrer un écho — que chacun emportera, même si c’est de manière floue. On s’en rappellera pas sera peut-être l’album qu’on écoutera comme on regarde une photo sépia retrouvée par hasard : un instant suspendu, un parfum d’éphémère… et c’est cette fragilité qui le rendra éternel.