CIVILISATION, UN ALBUM INTROSPECTIF ET SATIRIQUE

Publié par Imrane

ORELSAN – Civilisation

4 ans après la sortie de son album la fête est finie le rappeur de Caen est de retour avec Civilisation.

On l’attendait,  il est là.  Le 4ème album solo de Orelsan vient de sortir il y a quelques heures et ce qu’on peut dire c’est qu’on est servi.  Amour, nostalgie, violences, écologie, politique, réseaux sociaux,  racisme. Voilà les thèmes qu’aborde avec froideur Orelsan dans son album.

A l’image d’un compteur d’histoire,  Orelsan agence ces thématiques dans un ordre chronologique bien précis. Débutant son album sur Shonen qui en est l’intro,  le rappeur parle de sa difficulté à dire je t’aime à ses proches puis enchaîne dans le deuxième morceau La quête qui pourrait être la bande originale de sa vie tant le rappeur nous raconte de la plus belle des manières son enfance et son adolescence à Caen sur un air de balade d’enfant.

Enchaînant ensuite avec d’autres morceaux comme Bébéboa, ensemble ou Athéna le rappeur parle des répercussions de son travail sur sa vie de couple, son amour pour sa compagne  et l’addiction de cette dernière sur un ton ironique à l’alcool.

CIVILISATION,  L’ALBUM DE LA MATURITÉ ?

Il est vrai que ce titre fait kitch, c’est du vu et du revu c’est même l’une des questions auxquelles certains artistes refusent de  répondre en interview car trop souvent poser à chaque sortie d’un album jugé introspectif. Mais quand on regarde la discographie d’Orelsan et de son personnage qu’il s’est construit au fil des années, un adolescent dans le corps d’un adulte qui refuse de grandir et d’affronter ses problèmes qu’il a bien matérialisé dans Perdu d’avance et le chant des sirènes.

On se rend compte que si on est tous d’accord pour dire que La fête est finie est l’album de la prise de conscience de ce personnage qui comprend qu’il est temps de grandir et prendre sa vie en main,  on se rend compte au fil de l’écoute de Civilisation qu’il a bien grandit qu’il est plus mature et se pose bien plus de questions existentielles sur sa vie d’adulte dans laquelle on a l’impression qu’il est perdu quitte à regretter sa vie d’enfant et d’insouciance pendant son adolescence.

Dans cet album, on a l’impression qu’il est en possession de tout son art. Si la fête est finie était un album où il abordait certains sujets avec quelques maladresses qui en faisaient tout son charme,  Civilisation est un album dont l’écriture des textes a été rondement mené. On y retrouve Orelsan et toute son équipe à leur top niveau.

Entre un Orelsan capable d’écrire sur n’importe quoi en tenant le fil chronologique comme un maître du début à la fin à travers des morceaux comme Manifeste , l’odeur de l’essence et Baise le monde qui aborde dans le premier une manifestation qui tourne mal et dont les protagonistes finissent par en être victime jusqu’à ce qu’une d’entre elle ne perde la vie et que deux d’entre eux se retrouvent devenir la cible des réseaux sociaux.

Le  deuxième quant à lui est sans aucun doute un pamphlet de la société dystopique actuellement où on a presque l’impression qu’il s’agit d’un des protagonistes ayant survécu aux événements de Manifeste qui l’a écrit. Et enfin le troisième qui parle des affres de notre société hyper consommatrice  sur l’environnement et l’esclavage du travail moderne sur l’homme lui-même qui au final devient la victime et le bourreau de ce système. Un storytelling et un enchaînement de morceaux dignes d’un film hollywoodien.

UN ALBUM RICHE EN TERMES DE FLOW ET DE MUSICALITÉ :

Skread, son producteur de tous les jours, a fait un travail incroyable sur l’album en termes de musicalité tant les prods sont variées et excellentes. On aurait presque envie de dire que c’est lui la réelle surprise de cet album.  Gringe, son fidèle acolyte, qui avec Orelsan ont l’air de pouvoir rapper sur tout type de morceau encense le prod de Casseur flowters infinity et nous laisse sur un pointe de nostalgie.

En sommes, cet album est peut-être le plus abouti de sa carrière en terme de travail, de musicalité et de feat car n’oublions pas de notifier son feat Xxl  avec The Neptunes le groupe de Pharrell williams et Chad hugoOrelsan fait un passe passe intéressant avec l’interprète de Happy.

Orelsan prend également beaucoup de risques à travers des morceaux comme Bébéboa ou Baise le monde ou encore casseurs flowters infinity à travers les prods choisis et les thèmes abordés , le rappeur ne reste pas dans sa zone de confort au contraire il s’est amélioré dans  celle-ci et en a exploré d’autres en choisissant d’offrir un album complet , une introspection sur la vie d’un adulte qui se rend compte que nous vivons dans une société qui fonce tout droit vers un crash et dont les actes en causeront la perte.

Il termine son album sur une phrase déjà présente dans l’intro : J’étais tout seul aujourd’hui on est des milliers. Bientôt vous allez tous m’oublier. Désolé mais j’vais devoir vous quitter. Dis-toi seulement qu’on a kiffé.

Une phrase énigmatique qui nous fait réfléchir sur la potentielle fin de carrière du rappeur.  Dernier album ou pas, ce 4ème album marque certainement la fin d’un cycle et peut-être le début d’un autre car souvent le début d’une quête est la fin d’une autre, et la fin d’une quête est parfois le début d’une nouvelle.