OÙ VA LE RAP EN 2022 ?

Publié par Imrane

 L’année s’achève avec une multitude de sorties de projet rap plus importante que les deux dernières années. En apparence, nous avons donc été gâtés, mais en réalité que retenir des projets 2022.

L’EXPLOSION DE LA FAST MUSIQUE

Dans quelques semaines,  2022 sera reléguée au passé et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on a été servi en termes de bons projets, que ce soit dans le rap français ou le rap Us. Une année tellement riche que si elle est bien observée pourrait être qualifiée d’année de surabondance, car contrairement aux années précédentes, les sorties de projets étaient constante sans interruption d’une semaine à une autre, sans grands reports. Des retours fracassants comme Jazzy Bazz avec Memoria, Josman avec M.A.N ou encore Disiz avec Amour ont prouvé que la qualité et la polyvalence du rap français n’ont rien à envier à son grand concurrent, le rap Us. Des projets comme Couleur de ma Peine de Zamdane ont démontré que la jeune génération de nouveaux rappeurs français est prête à reprendre le flambeau. Oui, mais voilà, quand on retire ces quelques albums, qu’est-ce qu’il reste ? Pas grands choses. Certes de très bons projets ont vu le jour cette année, mais ils ont soit été vite consommé par les auditeurs de rap qui sont devenus des amateurs de fast musique ou noyés par le flow continu de projets qui voient le jour chaque semaine et donc très peu écouter par les auditeurs, ou encore ils font partie de la catégorie des projets très moyens qui ont majoritairement en termes de nombres dominés le marché.

A QUI LA FAUTE ?

Chacun à sa manière, chaque acteur, chaque auditeur est devenu coupable de cette boucle infernale qu’est la course effrénée des sorties du vendredi. Tout doit se faire vite, les artistes ne prennent plus le temps de faire des pauses afin de se ressourcer avant de revenir de peur de se faire remplacer par d’autres nouveaux artistes. Certains se le permettent, mais ce risque ne peut être pris uniquement que quand on sait qu’on a une fan base solide et assez patiente pour attendre, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Quand on prend les auditeurs actuels qui sont à chaque fin de semaine en face d’un nouveau projet, un nouvel Ep, une nouvelle vidéo, bref un auditeur jamais laissé sur sa fin, il est presque impossible de le faire attendre sauf quand on a la recette. Avec l’ampleur prise par les réseaux dans notre quotidien, des plateformes comme Twitter sont devenus le lieu de débat de tout et de rien. Les projets sont analysés et décortiqués une heure après leurs sorties soit par des pseudos fans ou par des comptes de rap qui ont pourtant comme objectif principal de faire mieux connaitre ce genre musical, mais qui en réalité font tout le contraire. Tout doit être décortiqué, les avis à chaud sont les plus importants, ils sont pris comme argent comptant. C’est celui qui parle le plus fort qui a raison, celui qui a plus de référence rap que son interlocuteur détient la science infuse. On écoute plus le rap par plaisir, on l’écoute par pure obligation, pour montrer qu’on est à jour sur les derniers projets. Le temps pour redécouvrir n’existe plus, aussitôt écouté, aussitôt oublier. On passe au suivant et on recommence les mêmes erreurs, les mêmes mauvaises habitudes.

Les plateformes de téléchargement en jouent également parfois en confrontant deux projets à venir, tout est plus facile, plus accessible. On ne veut plus prendre du temps ni les auditeurs ni les artistes, à l’ère du streaming les premières semaines sont rois et les chiffres sont les seules principales victoires de l’artiste, plus rien n’a d’importance à part cela. Les premières semaines record sont le Graal que recherche chaque rappeur. On veut marquer les esprits, faire un album classique n’est plus à la mode tant qu’il peut être platine, double platine ou Diamant, c’est déjà ça. Alors que pourrait-ont retenir réellement ?

Eh bien pour faire simple, 2022 a été une année incroyable, mais elle est aussi celle qui a montré les failles du système de la musique actuelle. La fast musique est partout, deux ans après la pandémie, la musique s’est relevée certes, mas à quel prix ? Tout est plus facile, rien n’est plus aussi compliqué à rechercher. La facilité englue l’esprit humain à se complaire dans la médiocrité. Les projets passent et se ressemblent, les albums commerciaux dominent aujourd’hui l’univers rap. Le paradoxe est que parmi les très bons albums qui ont été dévoilés cette année, il n’y a qu’une infime partie d’entre eux qui ont eu la reconnaissance qu’ils méritent. Les autres sont noyés dans le flux continu des albums et sont mal jugés voir pas du tout et tout ceci et bien dommage.