Accueil Exclus News Sur scène, Niro dégage cette énergie brute qui a forgé sa réputation : un flow incisif, des textes qui respirent la rue et l’authenticité. Mais derrière l’image du rappeur coriace se cache une histoire bien plus intime, marquée par un combat que les projecteurs ne montrent pas : celui d’un père face à l’autisme de son fils. Le choc du diagnostic Wahid a quatre ans lorsque le mot « autisme » tombe officiellement. Pour Niro, ce n’est pas une surprise totale – les signes étaient déjà là depuis ses 18 mois – mais c’est une réalité qu’il refuse de voir. Comme beaucoup de parents confrontés à un diagnostic lourd, il passe par le déni.« J’ai rejeté cette idée pendant longtemps », avoue-t-il. Pas quelques semaines, ni quelques mois… mais trois années entières où la colère et l’incompréhension lui pèsent sur les épaules. L’isolement, le poids invisible Ce qui le blesse le plus, ce n’est pas tant la différence de son fils que la manière dont le monde le traite. Wahid vit dans une bulle où les autres enfants ne viennent pas frapper à la porte. « Il n’a pas de copains », glisse Niro, comme un constat froid qui serre la gorge. Derrière cette phrase, il y a des anniversaires manqués, des terrains de jeux où l’on se sent étranger, et ce vide social que seul un parent attentif peut vraiment mesurer. La musique comme langage Pour un artiste, les mots et les sons sont des armes. Mais pour Niro, ils deviennent aussi un refuge. En 2021, il écrit « Le lion blanc », un morceau en collaboration avec Senyss, inspiré par Wahid. Il hésite longtemps avant de le partager, craignant de livrer trop de lui-même. Finalement, il comprend que ce morceau n’est pas seulement un exutoire, mais aussi une passerelle vers tous ceux qui vivent ce combat dans l’ombre. Dans ce titre, Niro ne cherche pas à faire pleurer. Il raconte, il témoigne, il transforme une douleur intime en force créative. Le « lion blanc » n’est pas un symbole de fragilité, mais de rareté et de puissance – un portrait de son fils, à sa manière. Au-delà du rap Parler de l’autisme de son fils, pour Niro, ce n’est pas une opération de communication. C’est une mise à nu. Dans un milieu où l’on valorise la carapace, il choisit d’exposer la fissure – pas pour susciter la pitié, mais pour montrer que la vulnérabilité peut cohabiter avec la force.En brisant le silence, il contribue à donner une voix à ces histoires que l’on raconte peu dans le rap français, tout en rappelant qu’un artiste reste avant tout un être humain, façonné par ses liens les plus intimes.