Dès les premières mesures, l’émotion affleure, Kayna ne surjoue pas la compassion, elle la vit

Kayna Samet – Les oubliés

Avec Les Oubliés, Kayna Samet signe un retour poignant et engagé, avec un single à la charnière entre émotion brute et groove nuancé. C’est une œuvre à la fois intime et collective, qui donne voix aux invisibles, aux laissés-pour-compte, sans tomber dans la lourdeur du militantisme. Dès les premières mesures, l’émotion affleure, Kayna ne surjoue pas la compassion, elle la vit. Sa voix, à la fois douce et autoritaire, s’élève comme un appel à la reconnaissance. Chaque parole déploie la réalité de ceux qu’on efface, les regards usés, les silences imposés, les histoires brisées. Et pourtant, il y a une lueur, un souffle de dignité.

L’instru se fait complice : guitare légère, nappes discrètes, percussion mesurée. Le tout est souligné d’une rythmique subtile, qui ancre le morceau dans une modernité urbaine sans trahir sa sincérité. Ce dosage artistique permet à Kayna de transmettre son message sans forcer, le message est clair, la musique est belle, la cohérence naturelle. L’écriture de Les Oubliés est simple, limpide, mais chaque mot marque. On y ressent la plume affûtée d’une artiste qui a choisi d’écouter, et de traduire ce qu’elle a entendu. Pas de fioritures inutiles, pas de refrain creux : chaque phrase compte, chaque couplet fait résonner des vies, réelles, complices, humaines.

Ce single pose une question durable : à qui donne-t-on de la mémoire ? Kayna Samet propose une réponse artistique forte : écouter, se souvenir, donner de l’espace. Si ce morceau annonce un EP ou un album, on peut espérer que la suite conserve cette profondeur : une voix pour les « oubliés », portée par une musique à la fois sincère et moderne.

Les Oubliés est une belle réussite, un départ sobre, mais puissant, qui place Kayna Samet du côté des artistes qui se soucient autant du fond que de la forme. Une écoute essentielle.