Accueil Musique Album DISIZ – On s’en rappellera pas Dans On s’en rappellera pas, Disiz réalise sans doute sa pirouette artistique la plus audacieuse : créer un album qui refuse d’être une “œuvre-monument”. Au lieu de chercher le tube, la prouesse ou le morceau qui écrase tout, il construit un projet comme un polaroid mental : des fragments, des sensations, des silhouettes sonores qui apparaissent… puis disparaissent volontairement. C’est un disque qui respire comme un rêve : on en retient la sensation, jamais la forme exacte. Une écriture volontairement atmosphérique Disiz ne raconte plus : il projette.Les titres semblent être composés comme des souvenirs flous qu’on essaie de recomposer au réveil. Les refrains murmurés glissent davantage qu’ils ne s’ancrent, les couplets s’effritent sur des images courtes, les émotions sont posées sans logique linéaire. Le concept n’est jamais dit, mais il est évident : “Et si on arrêtait de chercher à être marquant pour juste être vrai ?” C’est peut-être la première fois que Disiz assume totalement de laisser passer, même quand c’est imparfait. Chaque morceau devient alors une photo qui tremble, comme si quelqu’un la développait à la lumière d’un portable, à minuit. Une direction artistique anti-souvenir Musicalement, l’album fait exprès de glisser entre les doigts. On passe d’accords de guitare très dépouillés à des nappes électroniques brumeuses, de chœurs éthérés à des pulsations presque ASMR. Mais rien ne cherche à dominer l’espace. C’est un album où la production s’efface pour laisser l’émotion prendre la place, un peu comme si Disiz voulait dire : “Ce que tu ressens vaut plus que ce que tu retiens.” Certains titres s’arrêtent brutalement, d’autres semblent naître au milieu d’une phrase.On n’entre pas dans un morceau : on tombe dedans. Le fil rouge : l’effacement comme guérison Loin de la posture du rappeur qui veut graver son nom dans la pierre, Disiz prend l’option inverse : effacer pour revivre oublier pour respirer se délester pour devenir léger Il évoque l’amour, les blessures, les regrets, la transmission… mais jamais sur un ton revendicatif. La grande force de l’album est de transformer l’intime en nuage, et le nuage en vérité. Disiz ne veut plus convaincre : il veut laisser flotter. Un projet qui marque précisément parce qu’il ne veut pas marquer C’est le paradoxe de l’album :En refusant de créer des morceaux “clichés”, “identifiables” ou “accroche immédiate”, Disiz touche au plus profond. Comme un journal intime qu’on aurait laissé ouvert et dont on tournerait les pages avec le vent, le disque fait entendre les respirations, les doutes, les fragilités, les zones d’ombre. C’est un album qui ne cherche pas à imposer un souvenir, mais qui finit par en créer un malgré lui :le souvenir de quelqu’un qui lâche prise. un Disiz expérimental, humain, minimaliste — un album-souffle, un album-ombre, un album-mémoire floue.** Partager : Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Facebook Cliquer pour partager sur X(ouvre dans une nouvelle fenêtre) X J’aime ça :J’aime chargement…