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Le retour du chef d’orchestre des ruelles

Zesau – Bad Game Réseau

Le retour du chef d’orchestre des ruelles

Avec Bad Game Réseau, Zesau ne sort pas un simple projet : il relance une idéologie, une manière de concevoir le rap comme un terrain, une stratégie, un réseau.
Là où d’autres crient à la street, lui structure la sienne — en patron.

Le réseau avant le buzz

Le titre dit tout : Réseau.
Mais pas celui des followers — celui des vraies connexions, des micros tendus dans les halls, des studios de fortune où l’on s’organise pour faire du vrai son, pas du spectacle.
Zesau ravive ici son label Bad Game Musik, comme un QG du rap brut, un hub pour les MC qui ont grandi dans le ciment et qui veulent encore rapporter la rue à la rime. Le projet n’est pas une collection de morceaux : c’est une cartographie du réel, une toile où se croisent Ratus, Jeff Le Nerf et d’autres soldats d’une époque qui refuse de se travestir.

Le son des fondations

Zesau livre un son dense, charbonneux, taillé pour les tympans qui ont connu le crépitement des cassettes et l’écho des parkings. Les prods sentent le bitume chaud, les BPM cognent avec la discipline d’un vétéran. C’est le rap comme engagement, pas comme décor. Chaque couplet semble tiré d’une conversation de trottoir, mais avec la plume d’un stratège — Zesau parle la rue sans la caricaturer.
Il découpe les phrases comme il découpait les beats : sans fioriture, avec précision.

Un esprit d’alliance, pas d’allégeance

Dans Bad Game Réseau, les feats ne sont pas là pour les streams, mais pour le sang commun. Les voix s’enchaînent, se répondent, se renforcent. C’est une manière pour Zesau de rappeler que le collectif fait la force, surtout à une époque où tout le monde cherche la mise en avant individuelle. Lui, au contraire, connecte les lignes, réunit les générations, relie les zones. Le “réseau” devient alors symbole de résistance — le moyen de ne pas disparaître dans un rap trop aseptisé.

Bad Game Réseau est moins un album qu’une opération.
Zesau y reprend la main sur son récit, celui d’un rappeur qui refuse la compromission, et qui transforme la marginalité en manifeste. Le projet respire la sincérité, la loyauté et la longévité. C’est le son des vrais — ceux qui n’ont jamais quitté le terrain, même quand les projecteurs se sont éteints.

Zesau signe ici un projet qui sonne comme un message clair :

“Le rap n’est pas un jeu — c’est un réseau.”