Il y a des titres qui intriguent dès qu’on les lit. « On s’en rappellera pas » fait partie de ceux-là
Avec « Big Mama » Guy2Bezbar confirme son goût pour une esthétique où l’intime et l’urbain se croisent
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Accueil Musique Single Kaaris – D SUR D feat. TRIANGLE DES BERMUDES Kaaris est un survivant. Pas juste un vétéran du rap français, mais un artisan du son brut, celui qui cogne et qui crisse. Avec « D SUR D », il ne revient pas seul : il s’allie à Triangle des Bermudes, l’entité hybride et nébuleuse qui fait danser les trottoirs comme les rooftops. Ensemble, ils livrent un morceau qui ne choisit pas entre la rue et le club. Il les fait cohabiter. Mieux : il les met en tension. L’instru de D SUR D est une sorte d’anomalie assumée : un socle trap, mais avec des éclats synthétiques qui flirtent avec l’électro, voire le reggaeton sous sédatif. Le morceau ne cherche pas à séduire par la facilité. Il glisse, saccade, menace, puis s’ouvre d’un coup sur des refrains chantonnés presque pop. C’est un sabre dans une boîte à bijoux. Kaaris y rappe en contrepoids. Il n’élève pas la voix, il la creuse. Ses mots, comme toujours, sont des enclumes tombées d’un toit. Et face à lui, Triangle des Bermudes fait l’effet d’un mirage mélodieux, nébuleux, presque moqueur. Le trio semble dire à la trap, « On sait te faire danser sans te flatter. » Le titre lui-même « D SUR D » évoque le mouvement sans stabilité, l’enchaînement des coups d’avance, le virage qui glisse mais ne tombe pas. C’est une formule codée, un acronyme de la débrouille. Pas besoin d’en expliquer les lettres, elles sont sonores, pas sémantiques. Ce qui compte, c’est l’impact. Kaaris pose son texte comme un type qui déballe son dossier de preuves. Triangle des Bermudes, eux, flottent au-dessus, comme un chœur sous autotune qui a décidé de ne jamais atterrir. On dirait un dialogue entre un vétéran de la guerre et des fantômes de la fête. Ce qui rend ce morceau original, ce n’est pas juste le feat inattendu. C’est la collision des matières. D’un côté, le granuleux, l’organique, la sueur noire. De l’autre, le lisse, le digital, le flou. Comme si Kaaris venait de poser un couplet sur un titre de Justice, sans rien changer à sa recette. Et ça fonctionne. Parce qu’ils ne cherchent pas à s’aligner. Ils coexistent, dans un même espace sonore. D SUR D n’est pas un featuring, c’est une cohabitation artistique forcée… et féconde. En 2 minutes 45, Kaaris et Triangle des Bermudes inventent une forme hybride. Ni 100 % club, ni 100 % rue. Une sorte de rap déséquilibré volontairement, qui renverse la table des formats établis. Et c’est là sa force : dans cette impression de glissement, ce sentiment que la musique elle-même est en train de perdre pied… mais avec style. 🎧 À écouter en cas de doute sur tes priorités : ce titre n’en a pas non plus, et c’est très bien comme ça.