Starting Blok : l’utopie de l’influence éthique selon le duc, de l’élan à la…

À l’automne 2023, Booba, figure incontournable du rap français et franc-tireur autoproclamé des réseaux sociaux, décide de passer de la critique à l’action. Après des mois à dénoncer les « influvoleurs » et à exposer les dérives d’un secteur saturé de placements douteux et de faux followers, il lance Starting Blok. L’idée ? Construire une agence d’influenceurs qui respire l’éthique, la transparence et l’authenticité, loin des combines et des manipulations qu’il vilipendait.

Une vision née de la confrontation

Starting Blok n’est pas née dans le confort feutré d’un bureau marketing, mais au cœur d’une guerre médiatique. Booba, engagé dans un bras de fer contre Magali Berdah et l’agence Shauna Events, entend prouver que l’influence peut se conjuguer avec intégrité. Il s’entoure de Claire Dabrowski, experte en développement d’influence, et de Anne Cibron, son indéboulonnable manageuse, pour bâtir un modèle alternatif. L’agence ne se contente pas de promettre de « bons comportements » : elle impose une charte stricte, interdit les arnaques et privilégie les collaborations avec des marques et projets cohérents avec l’image des talents. L’objectif est clair : remettre le travail au centre, et non la mise en scène artificielle d’un succès éphémère.

Un vivier de talents urbains

La première sélection frappe fort : Dany Dann, champion d’Europe de breakdance et prétendant aux JO de Paris 2024 ; Poly Tatoo, tatoueuse au style affirmé ; mais aussi des créateurs, sportifs et artistes de niche. Plus de 1 200 candidatures affluent, signe que le discours séduit autant qu’il intrigue. Booba revendique une volonté de révéler les voix qu’on n’entend pas, et de donner aux cultures urbaines un espace d’expression sans filtre. Pour les talents retenus, Starting Blok se veut tremplin : moins de paillettes imposées, plus de contenu authentique et d’actions de fond. La communication joue sur un ton combatif : « On est là pour bosser, pas pour tricher ».

De l’élan au mur judiciaire

Mais derrière la vitrine, la réalité entrepreneuriale se fait rude. Les partenariats se négocient difficilement, la structure peine à trouver un équilibre économique, et les tensions internes s’accumulent. L’agence, malgré un capital médiatique fort, n’arrive pas à convertir sa promesse en stabilité financière. En août 2025, le verdict tombe : faillite et liquidation judiciaire. Booba, fidèle à son style, réagit publiquement en désignant ses partenaires comme responsables du naufrage. L’utopie de Starting Blok s’éteint à peine deux ans après sa naissance.

Un échec… ou un précédent ?

Si Starting Blok disparaît, son existence aura marqué un tournant : elle a incarné, même brièvement, l’idée qu’une influence plus propre est possible, et a ouvert un débat sur la responsabilité des agences. Certains talents passés par ses rangs ont pris leur envol ailleurs, avec la promesse de rester fidèles à ces valeurs. Au fond, Starting Blok aura été une expérience : celle d’un rappeur transformé en entrepreneur militant, prêt à affronter un système qu’il jugeait toxique. Une tentative avortée, mais qui laisse dans l’air la question : l’influence éthique est-elle une chimère… ou une révolution à venir ?