Il y a des titres qui intriguent dès qu’on les lit. « On s’en rappellera pas » fait partie de ceux-là
Avec « Big Mama » Guy2Bezbar confirme son goût pour une esthétique où l’intime et l’urbain se croisent
Avec « Big Mama » Guy2Bezbar confirme son goût pour une esthétique où l’intime et l’urbain se croisent
Accueil Musique Album DAMSO – BĒYĀH Un album qui n’est pas un adieu, mais plutôt un transfert Malgré l’idée largement relayée que « BĒYĀH » serait son dernier album, le ton de Damso dans l’œuvre ne crie pas le départ, mais plutôt la transmission. Le nom même, « BĒYĀH » qui évoque à la fois un mot d’origine bantoue et une contraction de « bébé » et « YAH (Dieu) » pourrait symboliser la naissance d’un héritage, pas une fin. Damso semble se repositionner non plus comme acteur central, mais comme semence, un passeur de flambeau culturel et spirituel. On sent dans « BĒYĀH » un Damso qui dépasse la souffrance du post-colonisé pour entrer dans une phase de réappropriation de soi. Il n’explique plus ses douleurs, il les transmute. L’album est beaucoup moins dans la plainte que dans l’alchimie intérieure. Cela se ressent même dans les choix musicaux, souvent abstraits, parfois presque rituels, comme s’il utilisait la musique comme rite de passage. Il y a un paradoxe central dans l’album, Damso y est de plus en plus absent. Il ne cherche plus à nous séduire, ni même à nous convaincre. C’est comme s’il écrivait dans un langage pour l’après, pour les générations qui viendront, comme un manuscrit codé. L’intelligence artificielle qu’il utilise n’est pas un gadget, c’est une main tendue vers le post-humain, vers un Damso qui n’a plus besoin d’être là pour parler. Contrairement à ses albums précédents, ici, la douleur n’est plus théâtralisée. Elle est froide, silencieuse, comme digérée. C’est un peu le Damso stoïcien, celui qui a compris que la puissance ne crie pas. L’album n’est pas moins intense, il est moins visible, plus occulte. C’est un projet pour ceux qui cherchent, pas pour ceux qui veulent être divertis. Certaines pistes semblent inachevées, certaines idées musicales s’interrompent. Ce n’est pas un manque, c’est une volonté, Damso laisse des blancs pour que l’auditeur les remplisse. Il n’offre pas une conclusion, mais un fragment à méditer. « BĒYĀH » n’est pas un album à consommer, mais à relire. Il a plus à voir avec un texte sacré ou un poème mystique qu’avec une sortie Spotify calibrée. Damso ne fait pas ses adieux, il mutile volontairement la forme traditionnelle de l’album pour nous dire que la transmission ne passe plus par les codes commerciaux. Il ne veut plus être une icône, il veut être un code génétique dans la culture. Ce projet est une capsule, ceux qui comprendront comprendront.